Au shaker et pas à la cuillère…

by 18 Jun, 2018

Audi RS4 AVANT 2.9 Biturbo

Il y a un peu plus d’une centaine d’années, un type qui s’appelait August Horch a décidé de changer le nom de sa fabrique d’automobiles qui s’appelait de manière fort originale ; August Horch Automobil Werke. Pour des sombres raisons légales liées à sa première entreprise du même nom, sur laquelle il n’avait plus les droits, le tribunal du Reich lui a imposé le fait de changer le nom de son entreprise. Et comme, déjà à l’époque, on ne rigolait pas avec le tribunal du Reich, et qu’il n’avait pas François Pignon sous la main pour renégocier les droits, ce cher August se retrouve obligé de trouver un nouveau nom.

Heureusement, en entendant son fils parler latin dans la pièce d’à côté, August se souvient soudainement que son patronyme (Horch) signifie « écouter »… et qu’écouter en latin, se dit AudirÉ… Son entreprise se nommera donc Audi.

Heureusement, sinon vous imaginez que cette semaine je me serais retrouvé à tester la August Horch Automobil Werke RS4… C’est quand même plus glamour de rouler dans une AUDI RS4 tout court et pour ce qui est d’écouter, on ne peut nier la chose, quand vous la mettez en marche, vous l’écoutez. C’est d’ailleurs la seule chose peu risquée pour votre permis que vous puissiez faire avec une Audi RS4, l’écouter à l’arrêt.

Je suis donc devant la vitrine de chez AMAG Nyon en train d’observer cet engin hybride stationné devant qui ronronne comme un gros tigre. Hybride, pas parce qu’elle a un moteur électrique, mais surtout parce que c’est une voiture de sport cachée dans un break. Non seulement l’Audi ronronne comme un gros tigre, mais comme le tigre, elle a la capacité de vous arracher la tête et si ce n’est pas le cas, au moins de vous la faire tourner. Dans ma tête tourne en boucle le briefing que l’on m’a fait : nouveau moteur, suppression de l’ancien V8 du modèle d’avant, V6 de 2,9 Litres et de 450 chevaux…. et le reste j’ai oublié, j’avais les yeux dans le vague. Et puis pour être franc, la seule chose qui nous intéresse, c’est quand même le sentiment que l’on a au volant, pas la longueur du prospectus.

Je prends donc le temps de ressentir les émotions qui sont en moi.

Il y a tout d’abord l’excitation d’avoir la chance de pouvoir tester le dernier né de la gamme Audi, ce n’est pas donné à tout le monde. Puis il y a la peur. La peur de ne pas être capable de gérer le monstre. Parce que « monstrueux »,c’est quand même le terme qui me reviendra le plus régulièrement à l’esprit.

Je monte alors à l’intérieur de la bête.

Audi a fait le boulot, tout est digital, c’est la mode. Les compteurs, le gros écran central avec le centre multimédia, rien de très innovant par rapport à ce qui se fait actuellement, mais chez Audi c’est beau, c’est propre, c’est classe. C’est allemand quoi, une chose est certaine, on n’est jamais déçu. Les sièges sont particulièrement réussis, enveloppant et ce cuir alvéolé est de toute beauté. Je crois même que j’achèterais la voiture juste pour les sièges. Le volant est à sa place, les pédales aussi, ce qui est rassurant sachant que j’aurais besoin d’être rassuré ces prochaines heures. En tous cas, je n’aurais jamais autant pris le temps de regarder une voiture de l’extérieur avant de monter dedans, comme si je retardais le plus possible l’instant d’y aller.

La peur sans doute.

Une chose est sûre, quand on monte dans un engin pareil, on n’a absolument aucune envie d’en ressortir. Ou alors c’est qu’on n’a pas le choix. Dès les premiers instants, je me suis senti à l’aise, on est bien et on aimerait que ça ne s’arrête jamais. C’est dès les premiers tours de roues que ça se gâte. Je vais être très franc avec vous, cette voiture est tout simplement fantastique et je pourrais m’arrêter là, sauf que ça serait dommage.

Parce que j’ai tout aimé, sauf une certaine angoisse quand vous mettez le pied sur l’accélérateur et que vous avez immédiatement l’impression de rentrer dans la cage d’un fauve qui a été mis au régime vegan pendant trois mois. En tous les cas, c’est pas moins dangereux.

Parce que la RS4 est une voiture de sport, le premier qui me dit que c’est un break familial, je l’attache au crochet de remorquage du « break familial » en question et je le fait courir jusqu’en haut Saint-Cergue. J’ai tenté d’utiliser la RS4 pour vivre ma vie de père de famille, je vous assure que ce n’est pas simple.

Tout d’abord je suis allé au Centre Commercial de Signy et j’ai fait mes courses. 24 œufs, deux cartons de douze bières, du Coca-Zéro à profusion, des chips pour l’apéro, six bouteilles de rouge et des verres en cristal pour boire le rouge – à ce stade-là, je vous dispense des commentaires acerbes sur mon régime alimentaire – j’ai chargé le tout dans le coffre du « break familial » et je suis monté à Saint-Cergue pour aller amener tout ça chez des amis où j’étais censé passer le week-end.

Une fois arrivé en haut de la montée, je ne vous explique même pas à quoi ressemblait le coffre. Entre les œufs qui étaient réduit à l’état d’omelette, le reste des boissons étaient dignes d’un cocktail à la James Bond, le tout au shaker et pas à la cuillère. Et puis la bière mélangée au rouge, le tout agrémenté de verre pilé c’est moyen. Et puis je ne vous raconte pas le plafond du chalet à l’ouverture des bouteilles de Coca. Alors, vous me direz que j’aurais pu monter « tranquillement » au lieu de tester les limites de la RS4 à chaque virage. Mais si c’est pour avoir une RS4 et rouler tranquillement, j’aurais pris une A4 diesel, ou mieux, une Kangoo.

Je suis donc redescendu en plaine avec le chien de mes amis dans le coffre. Là aussi ; pour tester…

Que ce soit les courses ou le chien, ni l’un ni l’autre n’ont apprécié le concept du Break Familial version Audi avec 450 chevaux. Je vous épargne le récit avec le chien ; depuis mes amis ne me parlent plus et le chien à peur de moi. Enfin, pas de moi, mais dès qu’il voit un « break familial il fonce sous le canapé refuse de sortir.

Alors je suis reparti seul en voiture. Coffre vide, sans animaux, juste avec l’intégrale d’AC/DC dans mon iPhone. Je me suis amusé comme un gamin dans les enchaînements de virages, dans les cols tout en découvrant des nouvelles routes là où je pensais qu’à l’origine il n’y avait rien. Jamais je ne m’étais senti aussi proche d’une balle de fusil, surtout à la sortie d’un virage en seconde, pendant que Brian Johnson entamait « Thunderstruck ».

L’accélération est foudroyante – je suis bien conscient que l’Aventador ou la Tesla P100D accélèrent plus vite – la Tesla j’en suis sûr, la Lamborghini, j’en sais rien, j’attend qu’on me la prête – mais quand même, pour un « break pas vraiment familial », ça pousse furieusement fort. Je me suis d’ailleurs rapidement rendu compte qu’il n’y a que deux positions sur l’accélérateur : On et Off.

Quand vous mettez le pied « au fond » et que vous regardez le compteur, ça fait : 0 -100 et 200 et après vous perdez connaissance. La boîte possède plusieurs postions, automatique « normal » et automatique « Sport », sans compter la version palettes au volant, mais j’ai pas osé parce que j’ai dû enlever les mains du volant plusieurs fois pour me cacher les yeux de peur et lorsque qu’on conduit avec les palettes et que vous n’avez plus les mains sur le volant, c’est compliqué.

La boîte sport est fantastique. Il faut surtout l’utiliser dans un tunnel. Avec les fenêtres ouvertes. Je ne vous en dis pas plus, vous comprendrez. Par contre, en mode « sport », j’ai assez rapidement renoncé à vérifié la consommation – pour être honnête, je ne le fais jamais de toute façon et puis si on achète une voiture de cet acabit et que l’on perd son temps avec ces détails, c’est qu’on n’est pas dans la bonne concession. Après, comme sur tous les modèles il y a plusieurs modes de conduite. Il y aurait même un mode « éco » selon les rumeurs. AHAHAHAHAh… Acheter un 2.9 litre Bi-Turbo de 450 chevaux et vouloir un mode « éco », c’est comme manger une fondue au fromage avant de courir un marathon. C’est du délire.

Personnellement j’ai roulé en mode Sport tout le long et je ne me suis jamais senti aussi vivant. En conclusion cette voiture c’est la pornographie de l’automobile, dire qu’elle est parfaite serait ridicule,  car aucune voiture n’est parfaite, mais elle n’a que peu de défauts – surtout si vous n’êtes pas un chien ou un sac à commissions – en revanche, les superlatifs me manquent pour exprimer la puissance et le sentiment d’agressivité qui se déchaîne quand on essaie d’utiliser ne serait-ce que 25% de son potentiel.

Pour faire simple, vous savez que c’est TRÈS MAL d’acheter une voiture pareille, mais si vous en avez les moyens, vous utiliserez sûrement l’argument du « on ne vit qu’une fois » pour passer l’épaule. Ensuite, je vous conseille tout de même déménager en Allemagne, de revendre votre chien et d’acheter un SUV pour trimbaler la famille et faire les courses.

AMAG Nyon

Route de Lausanne 114, 1197 Prangins
+41 22 365 29 29
[email protected]
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Aujourd’hui, je me fais un trou en un

Depuis que j’ai commencé à m’improviser chroniqueur automobile, les gens ont très vite pris l’habitude de me demander – avant de savoir comment je vais – quelle est ma voiture préférée. Ça fait 12 ans que j’écris des chroniques sur la bourse et soudainement, je m’occupe de voitures et tout le monde se fout totalement de la bourse, des changes et de la couleur du Bitcoin.

Thomas Veillet

Thomas Veillet s’est lancé un peu par hasard dans l’écriture de chroniques boursières il y a 12 ans. Depuis, la passion ayant fait son chemin, il était temps de passer à autre chose que la finance.

Depuis quelques temps, il s’est lancé dans les « chroniques auto et moto » – pour apporter de l’expérience conducteur et ne pas saouler le lecteur avec de la technique… Technique que l’on trouve sur les autres sites…

C’est avec son habituel ton décalé qu’il va essayer de vous faire partager ses aventures au volant ou au guidon. Tant que la maréchaussée lui laissera son permis.

Chroniques financières journalières de Thomas :
www.investir.ch/auteur/thomasveillet/

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