La beauté cachée
AUDI S3 / Kit ABT 370 chevaux
L'Audio
Il y a quelques jours j’étais dans un bus et je me lançais dans le périlleux challenge de traverser la ville de Genève en moins de 2h30. Ce n’est pas tous les jours que je prend les transports publics genevois, tout d’abord parce que je n’ai rien fait de mal récemment et que je ne mérite pas pareille punition et ensuite parce que si j’avais envie de partager mes déplacements avec plusieurs personnes, je me serais inscrit sur BlablaCar tout en prenant le risque de me retrouver en tête à tête avec un « Serial Killer » qui cherche simplement à se faire des amis.
Toujours est-il que lorsque vous prenez les transports publics, vous avez l’occasion d’entendre des débats forts intéressants autour de vous. En l’occurrence, j’étais assis juste derrière deux ados qui débattaient allégrement sur le choix de leur prochaine et probablement première voiture – à voir la quantité non négligeable de boutons qu’ils avaient sur le visage.
Au bout de 5 arrêts je parvins enfin à comprendre quelques mots de leur langage. Un certain dérivé du français, je compris que LE point important qu’ils privilégiaient avant tout dans leur « future-voiture », c’était le nombre de chevaux. L’enthousiasme à ce propos étant probablement lié au niveau de testostérone qu’ils avaient dans le sang.
C’est en écoutant cette conversation dans laquelle les mots « c’est abusé » ou « ça déchire » ou « ta gueule » revenaient régulièrement, que je me disais qu’ils n’avaient probablement pas encore pris conscience du concept des impôts automobiles et des malus liés aux « gros moteurs ». Et je ne parle même pas de via sicura. J’aurais pu me mêler de la conversation et leur expliquer mon point de vue et pourtant la seule chose qui m’obsédait c’est le sac à dos que chacun d’entre eux portait.
Je dois vous avouer que si j’étais dans le bus c’est que je venais de rendre la dernière voiture qu’AMAG Nyon venait de me prêter – une Audi S3 – jusque là rien de bien extraordinaire, mais à moi on m’avait prêté une Audi S3 AVEC un KIT ABT dedans qui la montait à près de 400 chevaux ET en plus c’était la version « limousine ».
D’où le sac à dos.
Avant de prendre cette voiture à l’essai, je m’étais fendu d’un rapide sondage autour de moi en posant la question suivante : « C’est quoi une S3 ? » – la plupart des adultes en âge de conduire m’avaient répondu que c’était une « petite Audi avec un gros moteur » et les plus expérimentés m’avaient dit que c’était l’équivalent de la Golf chez Audi. Si vous ne savez pas ce qu’est une Golf ; je vous conseille d’aller immédiatement sur le site :
www.macramé.ch ou www.volkswagenpourlesnuls.com.
Mais aucun de mes sondés ne m’avait dit : « c’est une petite limousine de chez Audi ».
Déjà une petite limousine c’est quoi ? Vous avez déjà vu un riche diplomate se déplacer dans une « petite limousine » – NON ! Une limousine, c’est gros. Point final. Une limousine c’est gros, ça pollue et ça dérange les écolos.
Eh bien en fait non, cette année Audi a décidé de donner un grand coup de pied dans les concepts pré-établis du prêt-à-porter automobile en sortant une Audi S3 « limousine ».
J’en arrive donc à ma réflexion finale, la S3 « limousine » c’est une extrapolation made in Audi de la GOLF de chez VW, avec un sac à dos derrière. Je ne veux même pas savoir ce que les ingénieurs de chez Audi avaient pris ce matin-là, en décidant de lancer la version rallongée de la S3, mais ils l’ont fait et c’est parfois les idées les plus gonflées qui fonctionnent le mieux. L’avenir nous le dira.
Quoi qu’il en soit, je n’étais pas venu pour donner mon avis d’esthète, tout d’abord parce que je n’y connais rien, étant bien incapable de faire la différence entre un tableau de Mondrian et une boîte de gel de l’Oréal. Et ensuite parce que quand vous me dites que la voiture en question a « presque » 400 chevaux sous le capot, j’ai aussi mon niveau de testostérone qui monte et la forme du véhicule m’importe soudainement beaucoup moins. Ça aurait été une Renault Fuego avec 400 chevaux, ça aurait été très bien aussi.
Et j’avais raison. Une fois à bord et après avoir fait 14 fois le Marchairuz, j’aurais été bien incapable de vous décrire la voiture vue de l’extérieur, puisque fondamentalement, quand je suis à l’intérieur, je ne la vois pas depuis dehors, puisque je suis dedans et quand je passe devant les vitrines en ville, je ne regarde pas le reflet, parce que je regarde la route. Oui, avec une S3 et un KIT ABT dans le même véhicule, forcément, tu regardes la route.
Cette voiture a quelque chose d’attachant ; elle est discrète – ok, avec les autocollants S3 Limousine et le logo ABT, un peu moins – mais quand vous l’achetez sans rien collé dessus, on dirait la voiture lambda du type lambda qui va chercher ses enfants lambda à la danse et au tennis. Sauf que quand à votre droite au feu rouge arrive un valaisan avec une Subaru Impreza ou un banquier genevois avec la Mini « John Cooper Works » de Madame, vous n’avez pas grand-chose à craindre. En tous cas pas de la Mini, la Subaru c’est une autre histoire..
Mais toujours est-il que dès que vous commencez à titiller l’accélérateur, on sent bien que ce n’est pas le 1.9 diesel du Fiat Ducato du boucher du coin. Son 2 litre turbo boosté par ABT, plus l’échappement et la boîte Sport en font un redoutable animal de compagnie que l’on a envie d’emmener un peu plus loin que le parc des Eaux-Vives.
En ce qui me concerne j’ai continué ma découverte des contreforts jurassiens et j’ai trouvé plein de villages où les habitants ne doivent même pas savoir qu’il y a de l’électricité de l’autre côté de la montagne, même Macron ne doit pas savoir que c’est à lui. Sérieusement, il y a des villages derrière le Jura en venant de la Cure, je suis persuadé que les Suisses pensent que c’est aux Français et vice-versa. L’avantage c’est qu’il y a des coins forts bucoliques pour pique-niquer et pour rouler. Enfin, surtout pour rouler. Un terrain de jeu parfaitement adapté pour voir si ma S3 était capable de prendre des courbes un peu serrées un peu plus vite que 45 à l’heure.
Je vous le confirme, elle peut.
La vitesse, je ne peux pas vous la confirmer, j’avais les larmes aux yeux, mais ça marche bien. Il faut dire que j’avais un peu peur parce que la veille j’avais testé la RS4 et j’angoissais en pensant que la S3 pourrait être molle.
Ennuyante.
Triste.
Que l’on se rassure, en dehors du fait que ce n’est pas un break, la différence s’arrête-là. Alors oui, les puristes me diront que l’on ne peut pas comparer – je m’en tape, je ne suis pas un puriste, je suis une type qui fait des chroniques automobiles – mais je dois dire qu’à la fin de mes 14 Marchairuz où j’ai presque réussi à tenir tête à un type qui montait avec une R1 et de mes 3 Mollendruz où j’ai paisiblement suivi une voiture de la police cantonale vaudoise qui revenait de pique-nique, j’avais presque une préférence pour la S3 que pour la RS4. Je dis presque, parce que ce n’est surtout pas le même tarif.
En tous cas, je voudrais m’excuser auprès du Monsieur qui roulait avec une Opel Astra vintage également équipée d’un sac à dos, qui devait dormir au volant au moment où je l’ai dépassé en direction de Cossonnay. J’en conviens, le bruit de l’échappement au moment ou tu passes de troisième en seconde à de quoi réveiller une marmotte qui hiberne depuis le 15 septembre.
Pour le reste, la S3 est à la hauteur de sa réputation, elle a tout d’une grande, dépendant des options que vous lui mettez dedans vous aurez l’impression d’avoir une S4, tout en en ayant un véhicule qui est un peu moins « gros » en taille et qui donne le sentiment que ça passe partout. Et c’est vrai que ça passe partout, un peu trop facilement parfois.
L’intérieur est très Audi. Les différences sont très faibles avec la grande sœur, écrans digitaux, Apple Play, différents styles de conduite, palettes au volant et parapluie publicitaire dans le coffre. Je voudrais également remercier Audi d’avoir mis le logo S sur le volant, comme ça on se rappelle bien dans laquelle nous sommes, des fois qu’on oublie avec l’âge.
En conclusion, je ne peux pas vous dire comment « roule » une S3-tout-court, ni comment une RS3 prend les virages, jamais essayé ni l’une ni l’autre. Mais je peux vous dire qu’avec un peu d’entraînement j’irai bien me frotter à d’autres voitures du même acabit tant l’engin est joueur – sur circuit, bien sûr – Ensuite, on ne peut pas dire que la voiture laisse les passants indifférents, les cyclistes m’ont fait des signes de la main – même si pour certains je ne sais pas si c’était avec la main ou avec le doigt.
Je me suis aussi fait contrôler par des douaniers qui ne comprenaient pas pourquoi je passais par l’arrière pays jurassien pour aller de Genève à Lausanne, je leur ai répondu que s’ils conduisaient cette voiture, ils comprendraient – ils n’ont pas compris, à voir leur lumineux regard – Et finalement, je me suis fait arrêter par un assistant de la police municipale lausannoise qui m’a dit que « la prochaine fois que je coupais la ligne blanche », j’allais le payer cher. Je le soupçonne de m’avoir arrêté uniquement à cause de la voiture. Au moins j’aurais appris quelque chose : assistant policier municipal, je ne savais même pas que ça existait. Déjà que policier municipal, j’ai parfois des doutes.
Comme vous le voyez, la S3 ABT est discrète, mais au fond on sent assez rapidement qu’elle vous cache quelque chose. Dès que vous mettez le contact, vous savez quoi. Tout ça pour vous dire qu’en rédigeant cette chronique et en pensant à mes deux camarades d’infortune du bus 3, que cette voiture c’est « trop de la balle » et c’est « carrément abusé !!! » – au sens positif du terme, bien sûr…
AMAG Nyon
Route de Lausanne 114, 1197 Prangins
+41 22 365 29 29
[email protected]
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Thomas Veillet
Thomas Veillet s’est lancé un peu par hasard dans l’écriture de chroniques boursières il y a 12 ans. Depuis, la passion ayant fait son chemin, il était temps de passer à autre chose que la finance.
Depuis quelques temps, il s’est lancé dans les « chroniques auto et moto » – pour apporter de l’expérience conducteur et ne pas saouler le lecteur avec de la technique… Technique que l’on trouve sur les autres sites…
C’est avec son habituel ton décalé qu’il va essayer de vous faire partager ses aventures au volant ou au guidon. Tant que la maréchaussée lui laissera son permis.
Chroniques financières journalières de Thomas :
www.investir.ch/auteur/thomasveillet/
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