Un petit air de Californie dans le matin blême

by 18 Jun, 2018

Harley Davidson BreakOut 114 -2018

En ce matin de printemps, limite estival, on sent tout de suite que la journée va être chaude. Chaude parce qu’en cette fin de mois d’avril on voit que la température va monter et en plus, je vais passer ma journée sur un gros moteur de 114 cubic inches, comme ils disent là bas, au pays de Trump, avec pas grand-chose pour me séparer du métal brulant qui va carburer sous mes fesses et entre mes jambes.

 

Je suis donc allé à l’église. Comprenez que je me suis rendu à la concession Harley Davidson de Plan-les-Ouates. On m’avait promis qu’on me prêterait une moto pour la journée, mais je ne savais pas trop quoi. J’avais le secret espoir que ce ne soit pas une entrée gamme, mais plutôt un vrai gros moteur histoire de voir ce que valent ces nouveaux moteurs 114, moi qui ne roule habituellement  « qu’avec un 103 ». 114, c’est donc des « cubic inches ». Mesure qui n’existe que dans le Nord de l’Amérique qui se traduit par 1863 centimètres cubes sous nos latitudes – j’ai connu des Peugeot avec des cylindrées bien inférieures. Bien sûr, Harley n’a pas pris la peine de convertir. C’est assez naturel, puisque le « biker » européen achète surtout ça pour s’acheter une part de rêve américain à domicile sans avoir à en supporter la cuisine.

 

En arrivant sur site, la concession m’annonce que j’ai le choix entre la nouvelle FatBob, qui me fait trop peur, étant donné que j’ai l’intention de conserver mon permis, la nouvelle Sport Glide, que je réserverai pour plus tard… et la Breakout.

 

Il va faire beau et chaud et comme le pneu arrière de l’animal me laisse supposer qu’elle n’est bâtie que pour aller faire des lignes droites aller-retour devant le jet d’eau, je me dis qu’au pire, c’est la bonne journée pour aller frimer sur les quais.

 

En m’approchant de la Breakout, je ne peux m’empêcher de lui trouver quelque chose de sexy. Elle ressemble à s’y méprendre à la version d’avant et pourtant. C’est la même, mais différente. En mieux. Cette forme longue et basse laisse tout de suite supposer que la position de conduite sera compliquée et qu’il faudra assurer au niveau longueur de bras. Etant donné que je viens de passer la semaine avec un trail de chez la concurrence britannique, je me dis qu’au moins sur cette moto-là, je n’aurais pas de problème de longueur de jambes.

 

En y regardant de plus près, on ne voit que le moteur. Tout est petit par rapport au moteur, le compteur digital est carrément tout petit – ça me fait immédiatement penser qu’il faut que je m’achètes des lunettes de soleil correctrices parce que l’âge avançant, ça devient compliqué de lire en petits caractères. Autant vous dire que pour lire le compteur de la Breakout, ce n’est pas simple, j’ai donc roulé au feeling. Au premier radar qui flash, vous savez que vous êtes trop vite, au second qui ne flash pas, vous êtes trop lentement, après à vous de corriger le tir.

 

C’est pas la technique la moins coûteuse, mais on fait avec ce qu’on a. Première chose que je modifierai sur la Breakout, le compteur. Je n’ai rien contre le minimalisme, je ne suis moi-même pas très grand, mais là c’est une question de survie.

 

Puis je suis monté dessus. C’est pas haut. Bon, en même temps c’est pas ce qu’on lui demande. Par contre c’est large. Ça, c’est ce qu’on lui demande. Tout est large sur cette moto. Le cul, le pneu arrière, le moteur, le guidon, la selle. Le seul truc qui est tout fin, c’est la roue avant. Un 21 pouces devant et un 240 derrière. La première chose qui vous vient à l’esprit, c’est de savoir si vous arriverez à tourner au premier virage. Ça m’a rappelé mon premier contact avec une Harley, une Night Road de 2007 qui avait déjà un 240 derrière. En ce temps-là, pour pouvoir envisager de prendre un virage, il fallait faire une demande en trois exemplaires et en recommandé une semaine auparavant.

 

C’est bien simple, le premier giratoire que j’ai pris en Harley de ma vie, j’ai été tout droit. Heureusement qu’il n’y avait pas un monticule de terre avec une charrue au milieu, sinon je m’empalais.

 

Eh bien ne vous faites pas de fausses idées, la Breakout cuvée 2018, elle tourne. Et plutôt bien. Avant de monter dessus j’avais fait quelques recherches et sur les tests que j’ai pu lire, on lui reproche souvent sa maniabilité. C’est faux.

 

Enfin ce n’est pas exactement correct.

 

Il faut prendre la Breakout pour ce qu’elle est. C’est définitivement une moto qui est étudiée pour aller droit et pas pour aller se faire la Furka 8 fois par jour en tentant d’améliorer son « temps » à chaque montée. Si vous la comparez à une Honda CB1000, vous aurez l’impression d’être assis sur un char d’assaut avec deux positions de conduites :

 

  1. en avant lentement
  2. en avant vite

 

Mais si vous comparez la nouvelle Breakout à ses prédécesseurs, ça devient soudainement aussi maniable qu’un scooter 125cm3 de chez Domino’s Pizza. D’ailleurs 300 mètres après être parti de chez Harley, j’ai fait le test du giratoire, eh bien je suis passé du premier coup, en touchant juste une fois le cale-pied gauche qui s’est empressé de me rappeler que ce modèle a une garde au sol qui rappelle furieusement celle d’un skateboard.

 

Mais revenons quelque peu en arrière.

 

Après avoir fait le tour de la moto, admiré son moteur tout chrome, son magnifique filtre à air et son pneu arrière de 240… pardon ? Je l’ai déjà dit ? Oui, mais bon je ne suis pas 100% impartial, j’aime la marque c’est vrai.

 

Alors passons. Mais après avoir fait le tour de la moto, je me suis assis dessus. Au début j’ai cru que j’avais raté la selle tellement on est assis bas. La position de conduite est assez confortable. Au début. Parce qu’après 250 kilomètres en général on cherche quand même le physiothérapeute le plus proche. Les pieds en avant, les fesses en arrière et les bras tendus, ne manquent pas de vous rappeler qu’il pourrait être intelligent de s’inscrire chez Weight Watchers pour perdre un peu du ventre qui est actuellement coincé entre la ceinture et le blouson de cuir que vous avez forcément pris en taille M pour faire le malin.

 

Puis vous mettez en marche. Alors vient immédiatement la seconde chose que vous devez ABSOLUMENT modifier lors de l’achat de cette Harley, c’est les échappements. La loi suisse dans toute sa splendeur a mis des réglementations tellement stupides sur le bruit, qu’actuellement les Harleys de série font un bruit qui se rapproche plus d’un vélomoteur maxi-puch asthmatique que d’un moteur qui a été pensé et développé à Milwaukee. Il faut donc penser OBLIGATOIREMENT à modifier ça à la première occasion. Parce que rouler en Harley et entendre chanter les oiseaux quand vous passez aux abords d’une forêt, c’est indécent.

 

Dès les premiers tours de roues de la Breakout, les 305 kilos et des poussières de l’engin se volatilisent comme par magie, elle est parfaitement équilibrée et sortant de la ville, j’ai pu immédiatement apprécier ce sentiment de liberté, les cheveux au vent, le moteur qui a un couple de tracteur qui vous permet des reprises de malade, même en cinquième. Il est vrai qu’il faut « oser » la coucher dans les virages, mais son énorme boudin arrière qui lui confère 50% de son charme, sait se faire rapidement oublier.

 

Après, je suis allé sur l’autoroute pour la tester à vitesse élevée. Je suis ressorti à la sortie suivante, j’ai même pensé un instant à carrément faire demi-tour.

 

La Breakout a parfaitement le niveau pour rouler à 130 sur l’autoroute (non, je n’étais pas en excès de vitesse, j’étais en France), elle a donc largement le niveau pour rouler à 130, c’est moi qui ne l’avais pas. Au-dessus de 110 j’ai été percuté par un frelon de la taille d’un hélicoptère sous amphétamines, j’ai cru qu’il traversait les verres de mes « vraies Ray Ban » achetée sur Alibaba.com. J’ai donc estimé qu’il était plus sage de rouler lentement, d’ailleurs ces motos n’ont pas été développées pour rouler vite, sinon elles seraient en moto GP. Ou alors c’est juste moi qui ai peur, mais mon père disait toujours qu’il vaut mieux être un trouillon vivant qu’un héros mort.

 

Ça se défend.

 

Trêve de plaisanteries, on n’achètera pas ce genre de moto pour aller rouler des heures et des heures à haute vitesse, il faut aussi reconnaître que celui  achète ça pour aller faire de la haute vitesse, il n’a rien compris. Et puis on n’achète pas non plus la Breakout pour son confort tout relatif. Les ingénieurs de Milwaukee ont pourtant bien bossé sur la suspension, mais ça reste somme toutes assez spartiate – bien qu’il y ait plusieurs positions pour régler la suspension, c’est entre dur et un peu moins dur. C’est comme la selle « deux places », c’est un peu comme dire qu’une Porsche 911, c’est une « 4 places », je souhaite bien du bonheur à la passagère ou au passager. Autant dire que si la passagère n’est pas extrêmement motivée ou très amoureuse (disons dans les 8 premiers mois de relation), on considèrera que la Breakout est une monoplace et c’est très bien comme ça.

 

D’ailleurs, qui achète une moto pour rouler à deux ???

 

En conclusion, la Breakout 2018 avec le moteur 114 « cubic inches » est une moto qui n’a pas que des qualités, mais elle n’a de loin pas tous les défauts que j’ai pu lire. Alors soit, je ne suis peut-être pas le plus impartial du monde, mais il faut reconnaître que cette moto est une très bonne base de départ pour commencer à « customiser » et sachant que personne n’achète une Harley pour la laisser d’origine, ça ne choquera pas et puis c’est quand même le concept de base de la marque.

 

Le moteur est tout simplement fantastique, même si certains «puristes» trouveront qu’il est trop linéaire, trop propre sur lui si l’on compare avec les générations précédentes, mais il faut savoir vivre avec son temps, d’où le compteur digital qui laisse aussi supposer qu’Harley a fait un bon en avant dans le futur. Bref, j’ai aimé l’exercice qui fût une fort bonne surprise et en sortant de chez mon physiothérapeute, j’ai décidé de me mettre au régime histoire que mon ventre ne comprime plus mes poumons lors de mon prochain test sur ce genre d’engin. En tous cas la Breakout ne m’a pas laissé indifférent et certains tests disent qu’il faut avoir de gros bras pour la conduire, je dirais que c’est faux, mais si vous prenez un abonnement de fitness en même temps que vous achetez une Breakout, pensez à bosser les abdos aussi.

 

Je terminerai en lançant un cri du cœur aux autorités helvétiques : « s’il vous plaît, laissez rouler ces motos avec des vrais échappements, vous voyez bien qu’elles souffrent !!! ».

 

Je remercie Laurent et toute son équipe d’Harley Davidson à Plan-les-Ouates pour la mise à disposition du véhicule, ne manquez pas d’aller faire un tour à la concession un de ces jours, le café y est gratuit le samedi matin – les autres jours aussi.

Harley dAVIDSON GENÈVE

Chemin du Champs-des-Filles 36, 1228 Plan-les-Ouates
+41 22 704 10 80
[email protected]
site internet

 

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Aujourd’hui, je me fais un trou en un

Depuis que j’ai commencé à m’improviser chroniqueur automobile, les gens ont très vite pris l’habitude de me demander – avant de savoir comment je vais – quelle est ma voiture préférée. Ça fait 12 ans que j’écris des chroniques sur la bourse et soudainement, je m’occupe de voitures et tout le monde se fout totalement de la bourse, des changes et de la couleur du Bitcoin.

Thomas Veillet

Thomas Veillet s’est lancé un peu par hasard dans l’écriture de chroniques boursières il y a 12 ans. Depuis, la passion ayant fait son chemin, il était temps de passer à autre chose que la finance.

Depuis quelques temps, il s’est lancé dans les « chroniques auto et moto » – pour apporter de l’expérience conducteur et ne pas saouler le lecteur avec de la technique… Technique que l’on trouve sur les autres sites…

C’est avec son habituel ton décalé qu’il va essayer de vous faire partager ses aventures au volant ou au guidon. Tant que la maréchaussée lui laissera son permis.

Chroniques financières journalières de Thomas :
www.investir.ch/auteur/thomasveillet/

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